Entrevue

Économie sociale : la Société des alcools du Québec prend les bouchées doubles

Il y a de l’effervescence à la Société des alcools du Québec (SAQ) ! Francesca Torasso, directrice de l’acquisition des biens et services pour la société d’État, nous explique le désir de l’institution de développer de façon systématique le recours aux entreprises d’économie sociale. Discussion rafraîchissante avec une femme pétillante !

Les Québécois et Québécoises s’attendent évidemment à ce que les sociétés d’État contribuent au bien-être collectif, non seulement en remettant au gouvernement du Québec une partie des profits réalisés, mais aussi en adoptant des pratiques plus responsables. Et qu’il s’agisse de la gestion de son approvisionnement ou du soutien qu’elle apporte aux plus démunis en matière d’aide alimentaire, la SAQ respecte ses engagements.

La SAQ travaille de concert avec le réseau des Banques alimentaires du Québec (BAQ) depuis maintenant 14 ans. Elle a ainsi déployé des initiatives qui lui ont permis de leur remettre près de 2,5 millions de dollars pour l’année 20222023. « L’objectif était double : pour chaque produit du Québec vendu, un repas était remis à l’organisme », explique Francesca Torasso. Voilà une belle façon de faire rayonner les producteurs d’ici !

Signataire de l’initiative L’économie sociale : j’achète ! (ESJA) depuis 2017, la SAQ travaille cependant avec une politique d’approvisionnement responsable depuis 2012. Et celle-ci évolue, se peaufine avec le temps. « Par exemple, les organismes publics québécois doivent désormais inclure des considérations environnementales, sociales et économiques dans les appels d’offres publiés au Système électronique d’appel d’offres (SEAO). Vingt-et-un indicateurs d’acquisition responsable1 sont donc suggérés pour renforcer ce processus. Nous sommes d’ailleurs en train d’actualiser notre politique d’approvisionnement pour y introduire ces nouveaux indicateurs », confirme-t-elle.

Et en matière de développement durable, la SAQ vise l’excellence quant à la performance environnementale de ses bâtiments. Pour ce faire, elle applique les meilleures pratiques écoresponsables dans la conception, la construction, l’exploitation et la gestion des immeubles en question.

« Dans notre réseau de succursales et dans tous nos bâtiments administratifs, nous favorisons notamment la saine gestion des matières résiduelles, l’utilisation de matériaux à contenu recyclé et en bois certifié FSC et l’acquisition d’équipements à consommation énergétique réduite », énumère ainsi madame Torasso. Et l’économie circulaire est aussi au rendez-vous : des planchers de béton intègrent de la poudre et des agrégats de verre provenant de bouteilles récupérées, en remplacement du ciment et d’agrégats de calcaire.

Une serre, un potager ! 

Comme mentionné précédemment, l’aide alimentaire est la grande cause soutenue par la SAQ. Depuis l’an dernier, une serre et un énorme potager, installés sur le terrain du siège social, permettent de nourrir les gens du quartier, grâce à la collaboration avec la Cuisine collective d’Hochelaga-Maisonneuve de Montréal. « Notre Centre de distribution de Québec a également emboîté le pas l’année dernière avec la collaboration de l’organisme Les Urbainculteurs », ajoute Francesca Torasso. La SAQ s’en dit très fière. « Avant de bien boire, il faut pouvoir bien manger », rappelle-t-elle avec justesse.

Et quels sont les résultats de ce projet d’agriculture urbaine sur les terrains de l’organisation ?

  • Un total de 4,3 tonnes de fruits et légumes a été récolté grâce à une serre de 530 m² en activité 10 mois par année et au potager d’une superficie de 2230 m²
  • Une variété de 40 fruits et légumes est proposée
  • Environ 180 kilos de produits de miel ont été récoltés
  • Plantation de 37 arbres fruitiers et de 250 arbustes de petits fruits pour nourrir les résidents du quartier
  • Des employé.e.s de la SAQ engagé.e.s à faire du bénévolat pour ce projet

Économie sociale : d’autres exemples de collaboration

Toujours dans l’optique de contribuer davantage, les surplus alimentaires de la cafétéria du Centre de distribution de Montréal ont été remis à la Tablée des chefs afin d’être redistribués aux familles dans le besoin. Ce sont ainsi 2203 portions qui ont été partagées avec la communauté au cours de l’exercice financier 20222023.

La confection des tabliers SAQ dédiés aux employés de succursale a été confiée à l’entreprise d’économie sociale et d’insertion socio-professionnelle Petites-Mains, qui aide les femmes immigrantes, monoparentales et sans-emploi à sortir de l’isolement et à apprendre un métier leur permettant d’intégrer le marché du travail.

On lève notre verre à…

La SAQ souhaite développer de façon systématique le recours aux entreprises d’économie sociale. Plusieurs autres solutions sont donc également envisagées. 

« Nos acheteurs explorent désormais, à chaque occasion, les possibilités offertes par les entreprises d’économie sociale. Nous sommes également dans un processus de révision des contrats existants pour identifier des occasions futures de maillage avec les entreprises d’économie sociale. » L’équipe de Francesca Torasso déploie donc des efforts supplémentaires. « Nous sommes proactifs », dit-elle. Et aux autres grands donneurs d’ordres, son conseil va en ce sens : « Lancez-vous sans hésiter ! »

Et un peu comme le mentionnaient les intervenants ayant contribué à cette série de textes*, les entreprises d’économie sociale sont efficientes, comme le sont les entreprises qui visent le profit. Elles ont toutes la volonté de bien servir leurs clients. La rigueur et la qualité sont bel et bien au rendez-vous ! « Ces organisations ne sont pas “moins”, elles sont même “plus”, par les différentes missions sociales qu’elles se donnent », affirme l’experte.

Levons donc notre verre à tous les acteurs qui œuvrent dans l’industrie de l’économie sociale. Du petit fournisseur au grand donneur d’ordres, la célébration du bien commun s’impose !

 Le Conseil d’économie sociale de l’île de Montréal (CÉSIM) est un facilitateur fabuleux qui permet aux entreprises d’économie sociale de se faire connaître auprès des grands donneurs d’ordres, tels que la SAQ. J’aime dire que le CÉSIM permet la rencontre. 

Francesca Torasso, directrice de l’acquisition des biens et services, SAQ

1 Source : Guide des indicateurs dacquisition responsable, Bureau de coordination du développement durable du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), 2022.


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