L’économie sociale, levier du secteur culturel

Le modèle d’affaires de l’économie sociale peut-il être une solution viable quand on travaille dans l’industrie de la culture ? C’était la question soulevée le 14 novembre dernier, lors de l’événement « Découvrir l’économie sociale comme modèle d’affaires pour la culture », organisé conjointement par le CESIM et Culture Montréal.

Dans le grand hall de l’édifice Gaston-Miron, une centaine de participants ont apprécié le point de vue de Jean-Martin Aussant, économiste et directeur général du Chantier de l’économie sociale. Deux entrepreneures du secteur culturel, Marie Houde, directrice générale du Grand Costumier et Rachel Billet, directrice générale de la Machinerie des Arts, ont également témoigné des défis relevés grâce au modèle d’affaires de l’économie sociale.

« Les entreprises collectives au Québec génèrent 40 milliards de dollars de revenus, ce qui représente plus que les industries de la construction, de l’aéronautique et des mines combinées », insiste M. Aussant. Elles sont également plus pérennes que les entreprises privées, leur taux de survie étant deux fois supérieur à celui de ce secteur après 10 ans, soit 45 % contre 20 %.

Selon l’économiste, ce modèle convient parfaitement au secteur culturel puisque ce dernier partage avec l’économie sociale le sens de la collectivité, la mise en valeur des talents locaux et la volonté d’avoir un effet positif sur la société. Le modèle décisionnel participatif favorise également une gouvernance stable. Enfin, être une entreprise collective ne veut pas dire limiter son développement : la Société des arts technologiques (SAT) et la TOHU ont su se hisser à un niveau enviable et elles sont des entreprises d’économie sociale.

Pour Marie Houde, gérer une entreprise d’économie sociale dans le secteur culturel, que ce soit un organisme à but non lucratif (OBNL) comme le Grand Costumier ou une coopérative, se fait toujours dans la dualité : il faut être économiquement rentable tout en accomplissant une mission sociale et en offrant un service au public. Selon elle, le modèle entrepreneurial de l’économie sociale facilite, entre autres, l’innovation.

« On a par exemple lancé des obligations communautaires avec un terme de cinq ans et un taux d’intérêt de 2 %, explique Mme Houde. Cela nous a donné des liquidités pour restaurer les costumes loués par le Grand Costumier. » L’innovation permet ainsi d’accroître la croissance, qui devient à son tour un levier pour augmenter l’impact social.

Rachel Billet pense quant à elle que le modèle d’économie sociale a aidé à transformer l’idée d’un collectif d’artistes en un service rentable, accessible, au prix juste et qui développe l’employabilité des travailleurs culturels. La Machinerie des arts était née. « L’atout majeur, c’est la répartition équitable des profits au sein d’une collectivité en même temps que l’enrichissement de l’expertise de cette collectivité », dit-elle.

Ces deux exemples, ainsi que l’intervention de M. Aussant, montrent bien que le modèle de l’économie sociale propose des solutions concrètes pour les acteurs du milieu culturel souhaitant trouver un équilibre entre mission sociale et retombées économiques. Souhaitons que cet immense potentiel suscite de plus en plus d’intérêt.

CESIM

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